SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

RAPPORT SPÉCIAL : SIERRA LEONE

SITUATION DES CULTURES ET DE L'ALIMENTATION EN SIERRA LEONE

4 février 2000

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1. APERÇU

Depuis novembre 1996, date à laquelle la dernière mission FAO/SMIAR d'évaluation de la situation alimentaire et des cultures s'est rendue dans le pays, de graves problèmes de sécurité ont empêché de faire toute évaluation significative de la situation alimentaire en Sierra Leone. Ce n'est que vers la fin de 1999, après un accord de paix et le rétablissement d'une administration civile, qu'il est devenu possible de faire une telle opération, certes encore limitée. En conséquence, la FAO/SMIAR a envoyé une brève mission sur le terrain du 29 novembre au 11 décembre, pour faire une évaluation de la situation alimentaire dans la mesure où les circonstances le permettaient. Le rapport ci-après a été établi sur la base de cette mission.

La mission a bénéficié des contributions apportées par divers organismes et organisations, privés et publics, dont le Ministère de l'agriculture, des forêts et des ressources marines (MAFE), le PAM, World Vision International (WVI), la CE, l'USAID, le Service de secours catholique, AFRICARE, Action contre la faim (ACF) et CARE. En outre, les membres de la mission ont eu des discussions approfondies avec certains membres de l'Association nationale des agriculteurs de Sierra Leone.

En raison de l'insécurité, la mission n'a pas pu se rendre dans toutes les régions du pays. Toutefois, elle s'est rendue dans les régions du sud-ouest, du sud et d'une partie de l'est, où elle a eu des entretiens avec des fonctionnaires du MAFE, des chefs, des agriculteurs et leurs dirigeants. À Kenema, la mission a aussi eu des entretiens avec des représentants des agriculteurs du district de Kailahun, dans lequel elle n'avait pas pu se rendre. Dans le nord, le nord-centre, le nord-ouest et la plupart des régions de l'est, la situation était très instable et ces régions étaient donc inaccessibles à toutes les organisations internationales.

La mission a constaté que le secteur agricole avait été très perturbé dans tout le pays, même dans la région du sud où une paix relative règne actuellement. Au fil des ans, les agriculteurs ont perdu toutes leurs ressources productives, telles que semences, outils et autres intrants. Les infrastructures et les institutions rurales ont été en grande partie détruites. Comme la plupart des familles d'agriculteurs ont été déplacées, le manque de main-d'_uvre pour les semailles et les récoltes est un problème majeur. En outre, les agriculteurs ont du mal à conserver leurs maigres récoltes en raison de difficultés financières et de la peur des pillages des rebelles. Presque tous les agriculteurs sont tributaires de l'État et des ONG pour leurs semences et, par conséquent, l'étendue des zones cultivées dépend beaucoup de la mesure dans laquelle ces institutions peuvent leur venir en aide. En raison du manque de semences et autres intrants, la superficie moyenne des rizières est tombée d'environ 0,80 hectare par agriculteur en temps normal à quelque 0,60 hectare cette année. Par conséquent, la pénurie d'outils, d'engrais et de main-d'_uvre s'est répercutée sur la production vivrière en 1999.

La production céréalière totale pour 2000, y compris le riz sous forme usinée, est estimée à 181 000 tonnes, alors que les besoins sont de 510 000 tonnes, si bien que les besoins d'importation pour l'année se monteront à 329 000 tonnes. En 1999, les importations avaient été estimées à 290 000 tonnes, soit une augmentation de 13 pour cent. Durant la guerre, les habitants du pays ont de plus en plus remplacé les céréales par des racines et tubercules, ce qui explique en grande partie pourquoi les estimations concernant les importations de céréales n'ont que légèrement augmenté.

La mission recommande que la FAO et le PAM envoient une mission complète d'évaluation des cultures et de la situation alimentaire dès que la sécurité sera rétablie dans toutes les zones rurales, afin de faire une analyse approfondie de la situation alimentaire en Sierra Leone.

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2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

La guerre civile en Sierra Leone a commencé en mars 1991, lorsque des rebelles, regroupés dans le Front révolutionnaire uni, ont pris les armes pour renverser le Gouvernement. Ils ont pu tenir longtemps car la région dans laquelle ils sont particulièrement bien implantés, limitrophe de la frontière orientale du pays, est riche en diamants, dont les exportations ont financé la guerre.

En avril 1992, des sous-officiers de l'Armée nationale se sont mutinés pour obtenir une amélioration de leur solde et cela a entraîné la chute du Gouvernement. En 1995, soumis à une forte pression internationale exigeant le retour à la démocratie, le régime militaire a accepté d'organiser des élections qui ont installé une administration civile. Toutefois, ce répit n'a été que de courte durée et la Sierra Leone a été victime d'un nouveau coup d'État, le plus violent et destructeur de l'histoire du pays. En octobre 1997, la junte militaire a accepté un plan de cessez-le-feu et de paix qui prévoyait le rétablissement du Président renversé dans un délai de six mois. Une force d'intervention militaire dirigée par le Nigéria, appelée Groupe de contrôle de la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG) a permis au Président de rentrer d'exil le 10 mars 1998. Toutefois, les combats n'ont pas cessé et les forces rebelles ont continué de contrôler solidement le nord, les gisements de diamant de Kono et les zones frontalières limitrophes avec le Libéria. En avril 1999, après la libération de certains chefs rebelles détenus, les pourparlers de paix ont repris et ont débouché sur une déclaration de cessez-le-feu en mai et la signature d'un accord de paix en juillet à Lomé (Togo).

L'économie de la Sierra Leone n'a cessé de se dégrader depuis le début des années 90. Jusqu'à la première moitié des années 70, le taux de croissance était d'environ 4 pour cent par an, mais ensuite il est tombé à quelque 1 pour cent par an entre 1975 et 1985. Dans les années 80, en raison de la chute de la production minière et de la mauvaise gestion budgétaire, la situation économique s'est encore détériorée. La longue guerre civile a détruit les infrastructures, déplacé des milliers de familles d'agriculteurs et perturbé l'approvisionnement en intrants agricoles. La production agricole, très irrégulière, n'a jamais retrouvé le niveau d'avant la guerre. Presque tous les secteurs de l'économie ont été endommagés par la guerre civile. Le PIB réel a diminué en moyenne de 4,9 pour cent par an entre 1992 et 1998 alors que, pendant la même période, la population du pays a crû d'environ 2,3 pour cent par an. En raison de la baisse de la production et de l'offre et de la hausse de la demande, les prix ont fortement monté à la fin des années 90. Entre 1993 et 1998 le taux d'inflation moyen était de 25 pour cent par an et l'indice des prix à la consommation a progressé en moyenne de 37 pour cent. Compte tenu du déclin du PIB en termes réels et de l'accroissement démographique, on estime que le revenu par habitant a baissé d'environ 30 pour cent sur la période 1992-1998 et que la proportion de la population qui se trouve en dessous du seuil de pauvreté est passée de 80 à 90 pour cent.

Malgré l'Accord de paix de Lomé signé en juillet 1999, il subsiste de nombreux obstacles qui empêchent un règlement global et la reconstruction sera coûteuse et difficile. La mission a coïncidé avec l'arrivée d'une force de maintien de la paix des Nations Unies. Le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles progressent lentement. Toutefois, l'impression générale est que lorsque le processus de désarmement aura commencé et que la paix sera restaurée, le secteur agricole pourrait se redresser assez rapidement à mesure que l'approvisionnement en intrants s'améliorera.

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3. PRODUCTION VIVRIÈRE

3.1 Impact de la guerre

La Sierra Leone est un pays riche en ressources agricoles, mais son agriculture est l'une des moins développées du monde. Sur un total de 5,24 millions d'hectares de terre arable, seuls environ 12 à 15 pour cent sont cultivés. Le produit alimentaire de base est le riz, dont la culture occupe un peu moins de la moitié des superficies cultivées. Les autres céréales cultivées sont le maïs, le sorgho et le mil. Le sésame est aussi cultivé à petite échelle (environ 2 000 hectares). Le manioc et la patate douce, qui étaient auparavant des aliments de complément, sont aujourd'hui des substituts acceptés du riz en périodes de crise, notamment dans les zones d'altitude contrôlées par les rebelles. Entre le début de la guerre (1990) et 1997, la production de manioc a progressé d'environ 70 pour cent et la production de patates douces d'environ 20 pour cent. Parmi les oléagineux, la principale culture est l'arachide.

Les années de guerre civile ont gravement perturbé les activités agricoles. Les infrastructures agricoles et les centres de services ruraux ont été détruits. Les régions de Makeni et de Kambia, qui sont deux grands centres de riziculture et d'approvisionnement en semences, ont été les plus touchées par la phase récente de la guerre. Les rebelles y ont pris le pouvoir et ont pillé la principale station de recherche agronomique située à Rokupr, près de Kambia, en avril 1999. La production des diverses cultures vivrières n'a cessé de diminuer tout au long des années 90, sauf en 1996 et 1997, période durant laquelle un semblant de paix et un programme de fourniture de semences ont permis une bonne récolte. Toutefois, en 1998, les combats et les déplacements de population ont repris, ce qui a à nouveau perturbé la production agricole et compromis la sécurité alimentaire. Le pays, qui était presque autosuffisant sur le plan alimentaire avant 1990, est devenu tributaire des importations et de l'aide alimentaire. La plupart des zones des régions du nord, du nord-ouest, du nord-centre et de l'est sont restées inaccessibles aux ONG, aux organisations internationales et aux organismes gouvernementaux en 1998 et 1999.

3.2 Production des principales cultures

La Division de la production, de l'évaluation, du suivi et des statistiques du Ministère de l'agriculture, de la foresterie, de l'environnement et des ressources marines (MAFE) fournit des estimations officielles fondées sur des enquêtes périodiques, mises à jour au moyen de données relatives à l'approvisionnement en intrants et à d'autres indicateurs. Le tableau 1 donne l'estimation de la production des principales cultures pour les années 1990, 1991 et 1995 à 1998. Le niveau de la production a été très influencé par l'intensité des combats durant ces différentes années. La production de paddy, estimée à 391 700 tonnes par une mission de la FAO en 1996, est montée jusqu'à 411 300 tonnes en 1997 mais est retombée à 328 300 tonnes en 1998. La production de racines et tubercules (manioc et patates douces), qui avait régulièrement augmenté jusqu'en 1997, a aussi diminué en 1998.

Tableau 1. Production des principales cultures (milliers de tonnes)

Produits 1990 1991 1995 1996 1997 1998
Céréales 604.6 468.3 401.8 444.3 466.8 373.0
Riz (paddy) 543.7 411.1 355.5 391.7 411.3 328.3
Maïs 12.3 11.0 8.3 8.9 9.4 8.6
Mil 23.7 22.6 18.0 20.7 21.7 16.5
Sorgho 22.2 21.2 18.0 20.5 21.5 17.5
Sésame 2.7 2.4 2.0 2.5 2.9 2.1
Racine et tubercules 221.1 224.2 306.5 327.7 359.8 331.4
Manioc 182.4 183.4 261.3 281.1 309.5 289.2
Patates douces 38.8 40.8 45.2 46.6 50.3 42.2
Oléagineux 30.0 34.0 37.2 35.8 37.9 35.4
Arachides 30.0 34.0 37.2 35.8 37.9 35.4

Source: MAFE

3.3 Estimation de la production de 1999

3.3.1 Pluviométrie et approvisionnement en intrants en 1999

La campagne agricole de 1999 a commencé un peu plus tôt que d'habitude, en avril. La plupart des stations météorologiques ont été détruites par la guerre, sauf à Freetown et Lungi, mais d'après des communications de sources officieuses, la pluviométrie a été normale ou meilleure que la normale en 1999 dans presque toutes les régions. À la fin de novembre, presque tous les cours d'eau avaient encore un bon débit, ce qui montre que les pluies ont été bien réparties sur l'année.

La mission a eu des entretiens approfondis avec des fonctionnaires du Ministère de l'agriculture, de la foresterie et des ressources marines (MAFE). Les efforts de reconstruction du MAFE sont complétés par ceux de diverses organisations internationales et ONG. World Vision appuie un programme de redressement agricole qui cherche à répondre aux besoins agricoles des communautés d'agriculteurs vulnérables des districts de Kono, Bo, Bonthe et Pujehun. AFRICARE, au moyen de dons de l'USAID/OFDA, soutient la distribution de semences d'arachide aux agriculteurs des districts de Bo et Pujehun. Dans les zones où règne une paix relative, comme le sud-ouest (Moyamba et Bonthe), la production vivrière a été limitée en raison de l'insuffisance de l'approvisionnement en intrants en 1999. Dans le reste du pays, l'agriculture a été très affectée par une insécurité permanente durant le premier semestre, jusqu'à la signature de l'Accord de paix en juillet 1999. Ni les pouvoirs publics, ni les organismes internationaux n'ont pu fournir d'intrants (notamment de semences de riz) dans bon nombre de ces zones en raison de l'inaccessibilité et de l'insécurité. La situation reste très instable dans les zones du nord-ouest limitrophe de la Guinée et, au moment où la mission s'est rendue dans le pays, le nord était inaccessible.

3.3.2 Estimation de la production

La superficie cultivée en riz en 1999 a été limitée principalement par la pénurie de semences. Dans certains cas, les semences étaient de très mauvaise qualité. Par ailleurs, la récolte a été endommagée par des inondations et de lourdes pluies dans quatre chefferies (une dans le district de Moyamba et trois dans le district de Pujehun). Le nord-ouest de Bombali (district de Makeni), qui est une importante zone de riziculture, a aussi été perturbé par l'insécurité et de fréquentes attaques de rebelles. CARE, qui appuie des activités de remise en état d'urgence et de réinstallation dans les districts de Tonkolili, Moyamba et Bonthe, a signalé que dans sept chefferies de Tonkolili, qui restaient inaccessibles, les récoltes ont été nulles ou très mauvaises en 1998 et 1999. En 1998, jusqu'à 90 pour cent des récoltes ont été pillées et, la plupart des agriculteurs, même lorsqu'il leur restait un peu de semences, n'ont pas pu les utiliser en 1999.

Les visites sur le terrain ont mis en évidence plusieurs graves problèmes :

En raison de ces différents problèmes, les superficies plantées dans les régions du nord-centre, du nord, du nord-ouest et de l'est, qui étaient inaccessibles, ont considérablement diminué, de même que, dans une certaine mesure, dans les régions du sud et du sud-ouest. Les entretiens avec certains dirigeants et chefs venus de zones inaccessibles ont indiqué qu'une certaine activité agricole limitée se poursuivait dans ces zones. D'après eux, quelque 60 pour cent des ménages continuent de cultiver, mais à un niveau inférieur à la moitié de la normale.

La Section des statistiques agricoles du Ministère de l'agriculture a fait, à la fin d'octobre, une enquête rapide sur la production agricole et l'évaluation des besoins et les données recueillies ont été analysées par la mission. Cette enquête a été conduite dans les neuf districts accessibles, sur les douze que compte le pays, les trois districts inaccessibles étant ceux de Kailahun, Kono et Bombali.

Dans tous les districts visités, on a choisi au hasard au minimum cinq chefferies, deux villages dans chaque chefferie et trois agriculteurs dans chaque village. L'échantillon réuni pour cette enquête rapide comptait donc 270 agriculteurs. Malgré les carences de la méthode d'échantillonnage, la mission a jugé que les estimations étaient raisonnables et étaient étayées par les observations qu'elle a pu faire sur le terrain.

La mission a estimé la superficie des rizicultures en 1999 à quelque 225 000 hectares, soit quelque 21 pour cent de moins que l'estimation de 285 000 hectares faite en 1998. Malgré d'excellentes conditions pluviométriques, les rendements ont diminué d'environ 4 pour cent par rapport à l'année précédente car le repiquage s'est fait tardivement et il y avait pénurie d'intrants. En conséquence, on estime la production de paddy à 248 220 tonnes pour 1999, soit quelque 24,4 pour cent de moins que les 328 310 tonnes de 1998. La production de paddy de 1999 se situe à quelque 45 pour cent du niveau d'avant la guerre (1990) et à 60 pour cent de la production de 1997, période durant laquelle la sécurité s'était beaucoup améliorée dans de nombreuses parties du pays. Le tableau 2 indique les superficies cultivées, les rendements et la production de riz paddy par région en 1998 et 1999. Dans la région du sud-ouest, où la sécurité s'est améliorée, la production a légèrement augmenté par rapport à l'année précédente. En revanche, dans les régions nord et nord-ouest et une partie de la région est, où l'insécurité était très grande et qui sont restées inaccessibles à la plupart des organismes de secours, les superficies et les rendements ont reculé par rapport à l'année précédente.

Tableau 2. Superficie, production et rendement de la culture du paddy, 1998 et 1999

Région   1998 1999
Superficie
(milliers d'ha)
Rendement
(kg/ha)
Production
(milliers de tonnes)
Superficie
(milliers d'ha)
Rendement
(kg/ha)
Production
(milliers de tonnes)
Sud-ouest 42.30 1 065 45.07 40.35 1 165 47.00
Sud 68.13 1 076 73.30 55.47 1 186 65.78
Est 64.18 1 092 70.06 48.98 708 44.37
Nord-centre 41.03 1 289 52.88 23.39 1 185 27.73
Nord 30.42 1 279 38.93 26.60 1 080 28.73
Nord-ouest 37.21 1 238 46.08 28.95 1 232 32.77
Ouest 1.50 1 328 1 99 1.30 1 400 1.82
Total 284.77 1 153 328.31 225.04 1 103 248.22

Source: MAFE et estimations de la mission.

Le dernier rapport de mission FAO/PAM (1996) faisait état d'une évolution notable des cultures au profit des racines et tubercules, notamment le manioc et la patate douce, dont la production a augmenté d'environ 70 pour cent depuis le début de la guerre. Certaines ONG s'emploient à diversifier la consommation et à transformer ces produits pour accroître leur demande et permettre aux agriculteurs d'en tirer un meilleur prix.

Les autres cultures céréalières sont le maïs, le mil et le sorgho. Autrefois, on estimait la production de mil et de sorgho à environ 20 000 tonnes chacun. Toutefois, la fiabilité de ces estimations est douteuse, notamment en ce qui concerne les superficies et les rendements. Des entretiens avec des représentants du Ministère de l'agriculture et d'autres organismes ont indiqué que la production de ces cultures a diminué. Le tableau 3 donne l'estimation de la production des principales cultures vivrières et de riz (paddy) en 1999.

Tableau 3. Production des principales cultures vivrière en 1999

Produit (tonnes)
Riz (paddy) 248 220
Maïs 8 760
Mil 4 700
Sorgho 16 500
Sésame 1 900
Total des céréales 280 080
Manioc 240 000
Patates douces 34 200
Total des racines et tubercules 274 200

 

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4. SITUATION ALIMENTAIRE

4.1 Commercialisation et distribution

La guerre civile a presque entièrement détruit les circuits de commercialisation et porté de lourds coups à tous les secteurs de l'économie. La distribution des rares excédents qui peuvent exister dans certaines localités a été presque totalement suspendue. Il en est résulté de graves disettes dans certaines zones et une dépendance totale à l'égard de l'aide alimentaire fournie par les ONG et les organisations internationales. Les routes desservant l'intérieur du pays ont été entièrement coupées et les ponts et canalisations ont été détruits. Une grande partie des régions du nord-ouest, nord, nord-centre et de l'est sont devenues inaccessibles et les produits alimentaires importés ou l'aide alimentaire n'ont pas pu être acheminés dans la plupart des zones rurales. En l'absence d'aide alimentaire, les habitants de certaines zones ont consommé les semences (en particulier de riz), ce qui compromet la production future.

4.2 Population

D'après le recensement de 1985, la population de la Sierra Leone était estimée à 3,5 millions de personnes, avec un taux de croissance annuelle de 2,3 pour cent. La mission FAO de 1996 a estimé la population à 4,6 millions de personnes au milieu de 1997. Selon l'ONU, 1,6 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays en 1996 et 370 000 habitants se sont réfugiés dans les pays voisins. Certains des réfugiés ont regagné leur village durant les périodes de paix de 1996 et du début de 1997, mais la situation s'est encore aggravée après l'escalade des hostilités en 1997/1998. On estime qu'il y a environ 1,2 million de personnes déplacées sur le plan intérieur et 400 000 personnes réfugiées dans les pays voisins. Les différentes factions comptent 45 000 combattants qu'il faudrait désarmer et, selon certaines estimations, 2,6 millions de personnes (54 pour cent de la population totale) vivent derrière les lignes rebelles.

Sur la base de l'estimation démographique de 4,6 millions d'habitants à la mi-1997 et d'une légère diminution du taux de croissance démographique (2,2 pour cent par an), la mission prévoit que la population atteindra 4,92 millions d'habitants au milieu de 2000.

4.3 Modification des habitudes de production et de consommation

Depuis le début de la guerre, les céréales ont été progressivement remplacées par des racines et tubercules, en particulier le manioc, car ces derniers demandent relativement peu de soins et sont moins exposés aux pillages. La disponibilité de racines et tubercules par habitant a augmenté de 15 kg entre 1991 et 1998 (voir figure 1 et tableau 4). La chute des revenus réels par habitant a aussi contribué à réduire la demande de céréales.

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Tableau 4. Disponibilité de racines et tubercules et de céréales, 1991-98

Année Population
(millions)
Disponibilité nette de racines et tubercules1 Disponibilité de racines et tubercules par habitant
(kg/année)
Disponibilités de céréales par habitant (kg/année)
1991 4.10 154.8 38.0 92.0
1992 4.13 142.9 35.0 92.4
1993 4.21 166.7 39.6 95.6
1994 4.31 196.0 45.5 86.6
1995 4.41 201.2 45.6 72.8
1996 4.51 214.8 47.6 78.8
1997 4.62 229.6 49.7 80.8
1998 4.72 251.8 53.3 63.1

1/ On a fixé la disponibilité nette à 70 % de la production totale, estimant que 30 % de la récolte sont perdus.

La consommation par habitant a diminué non seulement pour les céréales mais aussi pour les produits de l'élevage comme la viande, la volaille et les _ufs, ce qui a de graves répercussions sur la sécurité alimentaire des ménages et la nutrition.

CARE Sierra Leone a fait quelques évaluations de vulnérabilité dans 28 chefferies du district de Mroyamba au sud du pays, dans une partie du district de Bonthe et dans la plupart des chefferies du district de Tonkolili au nord. Cette analyse a montré que sept chefferies du district de Tonkolili (Konika Sanda, Konika Barina, Tane, Kholifa Rawla, Kafe Samira, Kalasogia et Malal Mara) étaient très vulnérables. Sept autres chefferies (Kholifa Mabang, Yoni et Gobonokolenen dans le district de Tonkolili) et (Ribbi, Bumpeh, Kori et Fakunya, dans le district de Moyamba) ont été classées à risque.

Action contre la faim a étudié la situation nutritionnelle des enfants dans cinq localités, à savoir Bo Town, Bo Camp, Bo South (district de Bo), la chefferie de Gbnokalenken dans le district de Tonkolili et la chefferie de Garamamendi dans le district de Kenema. Cette enquête a montré que la malnutrition était très grave, (55 pour cent) dans la chefferie de Gbonkolenken et assez élevée, (27 pour cent) dans la chefferie de Garamamendi. En revanche, elle n'était que de 3 pour cent à Bo Town et 10 pour cent à Bo Camp. Dans les différentes localités étudiées, on a constaté qu'une forte proportion d'enfants souffraient de malnutrition grave. On peut donc dire que la prévalence de la malnutrition est assez élevée dans les zones rurales et les zones affectées par la guerre.

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5. BILAN DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE CÉRÉALES EN 2000

Sur la base des estimations de la production des diverses céréales récapitulées au tableau 3, et compte tenu d'un facteur de conversion de 0,60 pour cent pour la transformation de paddy en riz usiné, on estime que la production totale de céréales pour 1999 a été de 181 000 tonnes. En raison de l'insécurité durable et des mauvais résultats du secteur agricole, ainsi que de la destruction des infrastructures rurales, les agriculteurs n'ont pas pu constituer de stock. Les négociants ne conservent que des stocks de roulement d'un ou deux mois, ce qui correspond au délai nécessaire pour importer des céréales supplémentaires. L'État n'est pas en mesure de conserver des stocks de céréales. Par conséquent, on a considéré que la possibilité de destockage pour accroître la disponibilité alimentaire en 2000 sera nulle. L'estimation de la consommation humaine totale de céréales se fonde sur une projection de la population fixée à 4,92 millions d'habitants pour le milieu de l'an 2000 et sur une consommation annuelle moyenne de 95 kg par habitant, ce qui correspond à la moyenne de la période 1995-1999. Pour les estimations antérieures, on avait retenu une consommation de 110 kg; cette diminution reflète à la fois le remplacement par des racines et tubercules et la chute des revenus par habitant.

Les autres utilisations sont les suivantes :

· L'alimentation des animaux, qui consiste principalement en maïs et millet destiné aux volailles et aux porcins, est estimée à 2 000 tonnes;
· Les besoins en semence sont estimés à 5 pour cent de la production en conditions normales mais devraient être plus importants cette année. Si la paix est rétablie et si les activités agricoles peuvent reprendre normalement en 2000, on peut estimer les besoins en semences à quelque 7,5 pour cent de la production de 1999;
· Les pertes à la récolte et après la récolte, pour le paddy, sont estimées à 15 pour cent. Le tableau 5 donne le bilan de l'offre et de la demande de céréales pour 2000 (janvier-décembre).

Tableau 5. Sierra Leone : bilan céréalier 2000 (tonnes)

Disponibilité intérieure totale 181 000
- Production 181 000
- Destockage -
Utilisation intérieure totale 510 000
- Alimentation humaine 467 000
- Alimentation des animaux 2 000
- Semences, autres utilisations et pertes 41 000
Besoins d'importation 329 000

Il convient de considérer ces estimations comme provisoires car elles se fondent sur des données incomplètes, du fait qu'une grande partie du pays était inaccessible. La mission recommande que, dès que la sécurité sera rétablie dans l'ensemble du pays, la FAO et le PAM envoient une mission complète pour faire une évaluation approfondie des cultures et des besoins alimentaires.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected]).

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